Aéroport d'Orly fermé pour une reconversion durable
La période que nous avons vécue lors des mois de confinement COVID au printemps 2020 a provoqué d’immenses chamboulements. Parmi ceux-ci, l’effondrement du trafic aérien a conduit à fermer temporairement certains aéroports, dont celui d’Orly.
La rupture est telle que le trafic aérien ne retrouvera pas son niveau pré-COVID avant longtemps : mais serait-ce une bonne chose d’y revenir ?
Pourquoi laisser l'aéroport d'Orly fermé ?
La secousse subie par le transport aérien n'est pas qu'un petit trou d'air. C'est une lame de fond qui va laminer compagnies aériennes et constructeurs pendant plusieurs années. Ensuite, il se pourrait aussi que le public perde à long terme le goût des voyages, de sorte qu'il serait illusoire d'espérer un retour du trafic aux niveaux d'avant COVID. La raréfaction des énergies carbonnées, dans une période post pétrolier rendra le prix des voyages aériens de plus en plus cher... Les opérateurs seront conduits à chercher des voies d'économies et la tentation de regrouper tous les vols d'Ile de France sur une seule plate-forme comme celle de Roissy sera grande. ADP, l'exploitant des aéroprts d'Ile de France a annoncé des plans d'économie. Alors dans un tel contexte, la responsabilité impose d'acter la situation, et de rechercher pour cette zone économique un avenir qui crée de l'emploi tout en s'inscrivant dans une perspective de développement durable.
Nous sommes nombreux à penser que nos habitudes de voyages mériteraient d’être revues et modérées afin de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Parmi toutes ces émissions, celles en provenance du transport aérien représentent environ 3%.
On pourrait se dire que ce n’est pas beaucoup et qu’il faudrait peut-être s’attaquer à d’autres sources, mais quand on regarde les choses en détail on se rend compte qu’il y a des choses faciles à mettre en œuvre et d’autres qui le sont moins. Modérer les habitudes de voyage est un des changements le plus faciles à faire : moins partir, moins loin, moins souvent. La pratique du voyage à bas coût qui s’est développée ces dernières décennies ne peut de toutes façons pas s’étendre à l’infini et doit trouver des limites.
La restriction des déplacements liée au COVID, que ce soit sur le territoire national ou vers les pays étrangers affecte le nombre de vols, et ce de façon durable. Alors pourquoi ne pas en profiter pour repenser de façon globale l’architecture aéroportuaire en Ile de France, non pas dans une perspective de développement sans fin, mais de modération de l’offre pour réduire l’empreinte carbone ?
Que ce soit par un raisonnement économique ou de bon sens écologique, le maintien de la plateforme d'Orly perd son sens. La responsabilité pour créer de l'emploi est de lui trouver une autre vocation que le transport aérien.
Aéroport d'Orly fermé : utiliser la surface autrement
Une autre empreinte à réduire : c’est celle de l’emprise des zones aéroportuaires… Il suffit d’examiner une carte pour se rendre compte que la superficie cumulée des plateformes aéroportuaires et des aérodromes en Ile de France représente une surface supérieure à celle de Paris intramuros, accueillant pourtant 6 grandes gares ferroviaires…
Dans un rayon autour de Paris et inférieur à la distance Paris Roissy, pas moins de 8 plateformes sont en opération : Roissy, Le Bourget, Orly, Toussus le Noble, St Cyr l’Ecole, Chavenay, Chelles, Lognes, Villacoublay… Quelle que soit la raison d’être de ces aérodromes, dont les origines sont parfois centenaires, on doit se poser la question de la pertinence de leur maintien à proximité de Paris au 21ème siècle. Parmi ces plateformes Roissy et Orly assurent des vols réguliers, Le Bourget et Toussus sont plutôt destinées à l’aviation d’affaire et générale, tandis que les autres aérodromes sont destinés à l’aviation de tourisme et aux aéro-clubs.
L’emprise d’un aérodrome peut être considérable : celle de Paris Orly est de l’ordre de 10kilomêtres carrés soit 1000 hectares ! Cette surface, incrustée dans un tissu urbain dense de la région parisienne devrait être employée à des activités alignées sur les besoins de l’économie durable de la région.
Comment reconvertir un aéroport d'Orly fermé?
Une zone aéroportuaire est avant tout une zone d'activité économique, et la préservation de l’emploi est un enjeu considérable. Il faut bien sur être imaginatif et volontariste pour assurer cette reconversion, car sur Orly, ce sont près de 90000 emplois qui y sont concentrés et aujourd'hui menacés.
Rendre l’aéroport d’Orly fermé définitivement permettrait par exemple d’allouer ces surfaces à des activités maraichères, développer une petite forêt… La proximité de la zone aéroportuaire d’Orly avec le marché de Rungis représente une belle opportunité d’économie de proximité avec une activité de maraichage qui pourrait s’y développer.
Les zones industrielles aéronautiques attenantes pourraient être reconverties en activités de développement du savoir lié à la transition, et pour lequel les besoins de développement des connaissances sont immenses.
On peut aussi imaginer que la plateforme bien reliée au sud de la région parisienne par les lignes de métro et de tramway en construction accueille une gare de la ligne de train grande vitesse sud est… La dérivation en partant de la ligne actuelle ne serait pas difficile à aménager. L'industrie du transport aérien céderait sa place à celle du transport par rail.
Fermer laisser l’aéroport d’Orly définitivement fermé permettrait aussi de supprimer les nuisances pour les riverains, très nombreux, tant la plateforme est insérée dans une zone urbaine dense.
Laisser l'aéroport d'Orly fermé, un projet du 21ème Siècle
Ne pas se préoccuper du sort de la plateforme d'Orly constiturait un mépris vis à vis de tous ceux qui y travaillent, des rivererains et de l'Ile de France en général, tant le potentiel de cette surface est interessant. Il faut voir la réalité en face, l'avenir d'Orly n'est plus dans le transport aérien.
La crise liée au COVID, le confinement qui s’en est résulté a changé notre regard sur le sens à donner à nos activités. Chacun se rend un peu plus compte que l’hypermobilité n’est pas compatible avec la préservation de notre planète. La mise en place rapide de pistes cyclables « COVID » est un bel exemple de changement de regard apporté par cette crise à nos modes de vie.
Nous sommes donc de plus en plus préparés aux bouleversements qu’appelle la transition écologique. Osons laisser l’aéroport d’Orly fermé définitivement pour le reconvertir représente un très beau chantier à mettre en œuvre. Alors… Allons-y !