Les enjeux de la ville du futur non pris en compte
Le coût du projet du Département des Hauts de Seine pour requalifier la Route Départementale RD910 sur Chaville et Sèvres est estimé à 50 millions d'Euros.
Si le projet présente quelques codes de l'écologie urbaine, il ne prend pas la mesure du sens de l'histoire et ne répond pas aux enjeux de la ville du futur.
Le projet RD910 présenté par le maire de Sèvres Grégoire de la Roncière en réunion publique est inadapté. La cible est ratée.
J'ai donc déposé les remarques suivantes auprès du Département en espérant qu'elles soient prises en compte pour le projet définitif.
Les attentes de la ville du futur
Les obligations de développement durable, de réduction de la pollution et des émissions de CO2 qui doivent guider tout projet de requalification urbaine sont, entre autres :
- Le basculement des moyens de transports motorisés individuels vers les transports collectifs et les modes de circulation douce ;
- La réduction de la vitesse des véhicules ;
- La végétalisation des espaces ;
- Le retour vers la perméabilisation des sols.
Une fois réalisée, la nouvelle configuration qui sera en place pour plusieurs décennies ne fera l’objet pendant cette période que d’adaptations à la marge. Le projet doit donc viser juste dès le départ.
Le contexte du projet RD910 - Grande rue de Sèvres
Comme l’a rappelé Grégoire de la Roncière Maire de Sèvres et Conseiller Départemental des Hauts de Seine en introduction de la réunion de présentation du projet RD 910 au SEL de Sèvres le 15 octobre 2019, un projet de transformation d’un axe comme la RD910 est une opération qui s’inscrit sur le long terme. Ce type de programme ne peut pas être réalisé tous les 10 ans. Il faut donc pouvoir développer une vision de ce à quoi doit servir cet axe sur un horizon de 20 à 30 ans. Il doit également être en cohérence avec les attentes du Grand Paris. Jusqu'ici le projet rate sa cible.
Si la route actuelle ne peut rester en l’état, le projet RD910 présenté, qui contient néanmoins quelques codes de l’écologie urbaine moderne, (plus d’arbres et petites pistes cyclables), ne traite pas sur le fond les réels enjeux liés au changement climatique et au changement des usages de transports.
Compte tenu de l’ampleur financière à engager, plusieurs éléments fondamentaux de ce projet sont à revoir.
L’axe RD 910 qui s’étend de Versailles à Chaville constitue un axe majeur des déplacements, à la fois sur une circulation métropolitaine tout le long de cet axe, mais aussi locale, à l’intérieur de chaque commune traversée.
Cet axe est emprunté par des autobus, des véhicules utilitaires, des véhicules particuliers, des deux roues motorisés ou non et des piétons.
Les évolutions nécessaires pour le projet RD910
Afin d'aligner le projet sur les exigences d'une ville du futur, je propose les 6 modifications suivantes sur la ville de Sèvres.
Projet RD910, proposition numéro 1 : une voie bus dédiée
En premier lieu le nouvel axe devra réussir le déport de la circulation par voiture individuelle vers les modes collectifs et les circulations douces. En l’absence de projet de métro prévu à ce jour sur le long de la RD910, la circulation des autobus doit être favorisée par rapport aux véhicules particuliers. Pour ce, une circulation en site propre pour les bus est nécessaire. L’espace de la voirie le permet entre Gabriel Peri et le Pont de Sèvres, en supprimant une voie de circulation automobile dans le sens descendant.
Le projet doit notamment prendre en compte une réduction très importante de la circulation automobile, et surtout la favoriser. C’est le sens de l’histoire. Lors de la réunion il a été annoncé par les agents du Département que la circulation automobile le long de cet axe commençait à diminuer. Les espaces bitumés prévus pour réaliser une contre allée devant le Centre Administratif sont inutiles. Cette contre allée peut être supprimée.
Projet RD 910, proposion numéro 2, des pistes cyclables ségréguées
La circulation des vélos est en augmentation le long de l’axe RD910 et des conflits d’usage de l’espace public se multiplient, notamment sur les trottoirs entre l’avenue de la division Leclerc et le Pont de Sèvres. Le projet présenté propose des pistes cyclables non séparées physiquement des espaces piétons, créant ainsi les conditions d’interférence piétons – cyclistes. Pour accompagner le fort développement des modes de circulations cyclistes, des voies vélo séparées physiquement des autres voies sont nécessaires. Plusieurs participants de la présentation du projet le 15 octobre, et notamment un représentant d’une association d’usagers des deux roues ont suggéré une voie spécifique centrale séparée des voies automobiles. Cette solution pourrait être mise en œuvre entre Gabriel Peri et le Pont de Sèvres en supprimant une voie de circulation automobile dans le sens montant.
Impératif numéro deux du projet RD910 : mettre en place des voies cyclistes séparées physiquement des autres modes de circulation, en utilisant l’espace d’une voie montante.
Projet RD910, proposition 3 : une piste cyclable transitoire
Le calendrier du projet s’étale de 2022 à 2026, la traversé concernant Sèvres jusqu’au Pont de Sèvres étant prévue en 2026… Compte tenu du développement des déplacements à vélo, une solution transitoire pour les vélos serait à mettre en place au plus tôt, même de façon allégée, en réservant une voie de circulation pour les cyclistes.
Impératif numéro trois : installer une solution transitoire pour les cyclistes sans attendre.
Projet RD910 proposition 4 : protéger les piétons
L’axe RD 910 constitue une coupure entre les deux parties de notre ville. Cette coupure peut être atténuée en instaurant des plateaux traversants à différents endroits de l’axe comme par exemple :
- En aval immédiat de la place Gabriel Peri
- En face du magasin de bricolage
- Dans le prolongement de la rue Pierre Midrin en face de la place du marché
- En face du collège
- Entre la poste et le SEL
- Au niveau de l’arrêt de bus descendant dans le bas de la Grande rue près du Pont de Sèvres
La vitesse le long de l’axe peut être limitée à 30km/h comme sur les voies communales de la ville pour réduire bruit et pollution et accroitre la sécurité.
Impératif numéro quatre du projet RD910 grande sur de Sèvres : installer des plateaux traversant pour les piétons et réduire la vitesse des véhicules à 30km/h le long de l’axe.
Projet RD910, proposition 5 : développer la perméabilisation des sols
Le changement climatique impose de revoir le rapport entre minéral et végétal dans les milieux urbains, au profit de la densification en végétaux pour réduire les effets d’îlots de chaleur, de deux façons au moins :
- En permettant à la végétation basse de se développer, en réduisant les surfaces bitumées, pavées et bétonnées ;
- En plantant des arbres, pour développer des zones ombragées.
Les zones perméables pour permettre à de la végétation base de se développer et humidifier les sols sont très confidentielles dans le projet actuel. Leur intensification est impérative.
Impératif numéro cinq : développer les zones perméables pour laisser l’eau s’infiltrer dans les sols et développer de la végétation naturelle basse.
Projet RD910 : capitaliser sur des arbres et protéger l'existant
Si le projet prévoit bien un solde positif d’arbres entre le début et la fin du projet, on ne comprend pas pourquoi :
- Il faut abattre des arbres de belle taille et qui développent de belles zones ombragées pour en replanter ; le projet doit capitaliser sur les grands sujets existants ;
- Aucune indication n’est donnée sur les essences envisagées ; le changement climatique est plus rapide que ce que nous avions escompté, et les arbres à planter doivent tenir compte de ce changement, notamment si les périodes sèches et chaudes sont appelées à se développer. S’assurer de planter les essences capables sur les 60 ans à venir de se développer dans ce contexte, en prévoyant des conditions de plantations et d’irrigation adéquates est essentiel. Le projet doit tenir compte de ces contraintes.
Impératif numéro six : capitaliser sur les grands arbres existants et implanter une nouvelle végétation capable de s’adapter au changement climatique.