Quelles orientations prendre après la crise sanitaire ?
Plan santé : la crise sanitaire liée au coronavirus covid-19 a mis en évidence plusieurs faiblesses de notre système de santé en France. Si certaines, comme le manque de personnel étaient bien perçues du grand public et des professionnels de santé, d’autres, comme la pénurie de certains produits, associée à la disparition d’un tissu industriel national capable d’approvisionner les professionnels ou encore le manque de préparation à la gestion de crise sanitaire d’une telle ampleur ont éclaté au grand jour.
Alors quelles leçons tirer pour le plan santé et notre industrie médicale ?
Un plan santé pour plus de personnel en hôpital et médecine de ville
Cette pénurie de personnel de santé résulte d’un aveuglement et d’une inconséquence dans la gestion des carrières et des recrutements des personnels soignants et de leurs conditions de travail.
En Hôpital de nombreux postes demeurent non pourvus parce que les conditions de travail éprouvantes et souvent absurdes s’ajoutent à des politiques de rémunération indignes, notamment pour le personnel infirmier. Ces professionnels se tournent alors vers les structures privées ou parfois, changent tout simplement de métier, ce qui est un drame pour le système de soins dans son ensemble.
Sur la population de médecins, c’est la gestion quantitative qui a été déplorable depuis plusieurs décennies, entrainant un manque criant de praticiens, et conduisant le système français à puiser dans les populations de pays étrangers, pour pouvoir des postes en milieu hospitalier, en médecine de ville ou en milieu rural. La politique de restriction du numerus clausus a produit des effets dramatiques, alors que les besoins de la population, vieillissante et en augmentation, croissent.
Pour remédier à ces insuffisances, le plan santé doit prévoir deux volets :
Volet 1 du plan santé pour le système de soins
Un premier volet du plan santé centré sur le système de soins, dont inclure les points suivants.
- A court terme une augmentation des salaires pour les personnels afin de rendre l’hôpital plus attractif.
- Un plan à 15 ans de prévision et formation quantitative des personnels afin de s’assurer que nous pourrons à terme, et en tenant compte des durées de formations, des évolutions de la population disposer d’une force de personnels qualifiée adaptée à nos besoins.
- Un plan de prévention pour pouvoir alléger la quantité de soins curatifs à faire dispenser par les personnels médicaux.
- Une réévaluation des risques sanitaires et épidémiques systémiques, pour s’assurer que les moyens de prévention sont en place.
- Le renforcement des missions de l’hôpital public, afin de conserver et renforcer l’excellence française en matière de soin, d’enseignement et de recherche. Les soignants devront être libérés des tâches administratives sans valeur ajoutée médicale.
Volet 2 du plan santé pour renforcer une industrie médicale en France
Ce volet industrie médicale doit assurer une autonomie nationale sur tout ce dont a besoin le système de santé pour assurer sa mission en matériel technique et équipements, que ce soit :
- Des produits pharmaceutiques.
- Des consommables de prévention et de soin (masques, blouses…).
- Du matériel technique d‘équipement des hôpitaux, cliniques et cabinets médicaux.
Le développement de cette base industrie médicale pourrait être réalisé de la même façon que celle pour les armées, qui disposent pour une très grande part d’un matériel fabriqué en France. Une agence générale pour l’industrie médicale est à créer, et qui veillera au développement de cette autosuffisance industrielle dans notre pays.
Veiller à la révision du plan santé
Enfin pour terminer, le système de santé en France doit pourvoir aux besoins de la population. Il ne doit pas être considéré comme un mal nécessaire devant faire l’objet de plans d’économies successifs et tendre vers le « low cost » mais d’un investissement sur l’humain, permettant au surplus de développer des métiers nobles et à très forte technicité. Ne décourageons plus ces professionnels d’exercer leur métier !
Les déclarations des responsables politiques en pleine crise du covid-19 vont bien sûr dans le sens de ce qui est écrit plus haut. Reste que lors du temps des décisions et de la mise en œuvre, la volonté réelle ne sera peut-être plus la même et les réflexes de rabotage des budgets reprendront le dessus. Cultiver la mémoire de cette crise sanitaire sera le meilleur moyen de faire progresser le plan santé et le développement d'une industrie médicale en France.